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Archives · Bali Post-2015 : Norma Maldonado y était !

En Indonésie, entre les 25 au 27 mars derniers, s’est tenu le ‘Bali Post-2015’, une réunion de l’ONU avec des hauts responsables sur l’agenda du développement de l’après 2015. Norma Maldonado, membre du comité de notre partenaire guatémaltèque Aroaj, y était présente.

Des centaines de citoyens concernés se sont rassemblés devant le luxueux hôtel Westin. La journée a débuté à 7h30 par un exposé de Save the Children mettant en évidence les impacts de l’inégalité sur les enfants. Cet exposé a été suivi par une réunion à l’hôtel de ville durant laquelle les hauts responsables ont répondu aux préoccupations des militants. Parmi les sujets abordés : la gouvernance ou encore l’économie informelle. Mais le thème principal de cette réunion fût l’inclusion des minorités.

Fervent défenseur des droits de l’homme et de la justice sociale, Norma Maldonado faisait, aussi, partie des citoyens concernés. Cette activiste de longue haleine appartient à un réseau militant pour la souveraineté alimentaire. Celui-ci se charge de préserver les semences traditionnelles au Guatemala. Parmi ses activités, Norma s’est préoccupée de l’impact du projet de la Zone de libre-échange des Amériques[1] sur les populations locales. Durant la réunion de l’ONU, Norma a déclaré avoir eu des ennuis avec les autorités guatémaltèques. En juillet 2003, elle a été victime de harcèlement, très certainement en relation à son opposition à ce projet. En décrivant son expérience, elle explique comment trois hommes armés se sont introduits chez elle de force, ont fouillé son domicile et ont emporté tous ses ordinateurs. Elle pense aussi avoir été mise sur écoute. A cette époque, les actions menées par des groupes guatémaltèques sur les questions environnementales avaient attiré l’attention de la communauté internationale. Des actes d’intimidation ont ainsi été posés contre eux pour tenter de faire taire leurs protestations.

Encore aujourd’hui, Norma Maldonado est toujours, farouchement, opposée aux accords commerciaux, y compris ceux entre l’UE et l’Amérique Centrale. Selon elle, il ne s’agit de rien d’autre qu’un « chèque blanc » offert aux entreprises étrangères pour exploiter leurs ressources naturelles.  Elle craint que les paysans soient délogés de leurs terres et que cela entretienne l’apparition de gangs.

Norma a également déclaré : Notre pays est contrôlé par l’oligarchie […]. Elle offre aux entreprises nos ressources nationales.

Elle se dit aussi révoltée contre l’augmentation des cultures telles que le café, le maïs, les OGM, menant ainsi à la perte de la biodiversité. « Nous exportons de la nourriture pendant que nous souffrons de la malnutrition […]. Les entreprises ne se soucient pas de savoir si elles détruisent nos cultures et nos communautés. […]Pendant ces deux dernières années, nous avons exporté de la main d’œuvre  aux Etats-Unis, essentiellement des hommes, pendant que les femmes vivaient dans des conditions difficiles».

Les opinions bien arrêtées de Norma Maldonado sont plus que compréhensibles quand on sait que les violations des droits de l’homme, au Guatemala, ne font qu’augmenter.  En effet, le sujet des  droits humains n’a cessé de poser question au Guatemala. En particulier sous le régime de l’ancien dictateur, José Efraín Ríos Montt, récemment jugé pour génocide et crimes contre l’humanité. Ces dernières années, on a encore pu constater une multiplication alarmante des atteintes aux droits fondamentaux – actes d’intimidation, harcèlement, surveillance, enlèvements, agressions – des défenseurs des droits de l’homme, notamment ceux luttant en faveur de la justice écologique.

Même si les accords commerciaux donnent le feu vert aux entreprises écologiques, elle déclare « avoir perdu espoir dans cette procédure de consultation peu profonde». Elle ajoute : «Il a des gens qui n’ont pas d’eau, sans parler de la technologie. Les gouvernements s’en foutent. David Cameron était censé être ici et il n’est pas venu. Les gouvernements ne prêtent pas attention à l’ONU ».

Si elle reste pessimiste, elle ne considère pas avoir fait le voyage pour rien. Cette réunion était, surtout,  l’occasion de sensibiliser les jeunes générations aux questions des droits humains et à la justice écologique.  « Ils doivent prendre conscience que nous ne sommes pas seulement là pour nous lamenter mais que nous avons des propositions concrètes ».

Voir l’article dans « The Guardian »

 


[1] Il prévoyait la suppression des droits de douane sur plusieurs types de produits, notamment sur les produits manufacturés et agroalimentaires. Bien que fortement poussé par l’Etat, ce projet a été vivement critiqué en Amérique du Sud en raison de ses conséquences sociales négatives. Face à l’opposition généralisée, il n’a, finalement, pas été adopté.